Par Alexis Fréchette, prof en liberté

Alexis est un jeune enseignant qui a fait le grand saut en déménageant à la Baie-James, charmé par la région pendant sa participation à la websérie «Cap vers la Baie-James». Avec son journal de bord, on l’accompagne dans cette aventure qu’est la découverte de son nouveau milieu de vie.

Ça fait maintenant un an que j’ai terminé mon baccalauréat en enseignement secondaire – sciences et technologie. Ça fait donc aussi un an que j’ai visité pour la première fois la Jamésie pour la websérie Prof en liberté. À ce moment-là, je n’avais pas imaginé ce que ça serait que de vivre un an en tant qu’enseignant ici. Maintenant je dois choisir entre partir ou bien rester.

C’est certain que d’une manière, quand tu migres seul loin de ton ancien chez-toi, tu recommences un peu ta vie à zéro. Le point positif, c’est qu’on se rend compte à quel point on devient résilient et capable de s’adapter à des situations qu’on n’aurait jamais cru devoir affronter!

Par contre, il y a des choses que j’aurais aimé qu’on me dise. Je m’étais préparé psychologiquement à me dire que même si Chibougamau était dans la même province que ma ville d’origine, beaucoup de choses allaient être différentes. Bien que Chibougamau, ce ne soit pas le même choc qu’une personne pourrait vivre en s’expatriant au Japon, il y a des différences que tu ne prévoyais pas qui t’arrivent en pleine face, et ce, parfois même avec de la préparation.

Je n’avais jamais pensé que j’allais passer autant de temps avec un manteau sur le dos. Ben oui, ici l’hiver commence tôt, finit tard et est assez intense… et t’es mieux d’avoir tes pneus d’hiver en octobre, parce qu’ici la neige tombe tôt et en grande quantité! Par contre, quand je dis que je n’avais jamais pensé passer autant de temps en manteau, ce n’est pas juste à cause de la longueur de l’hiver. C’est aussi parce que le territoire est tellement magnifique que tu te ramasses toujours à jouer dehors!

Mais même si tu as ce beau territoire devant toi, tu vas parfois te demander si t’as fait le bon choix. Parfois tu vas te sentir seul, surtout au début, et tu vas te demander pourquoi tu es là alors qu’il y a des événements importants que tu manques dans ton cercle d’amis de la ville que tu as quittée. Dans ce temps-là, il faut juste que tu gardes en tête que ça passera, que c’est normal lorsqu’on quitte ce à quoi on est habitué. Et qu’avec le temps, on s’habitue à son nouveau chez-soi et que ces sentiments s’estompent grâce aux gens formidables qu’on côtoie.

Ben oui justement, une chose que j’aurais aimé savoir avant d’arriver ici, c’est à quel point les gens sont gentils! Les gens d’ici sont tellement accueillants; ils n’hésitent pas à t’ouvrir leur porte. Ça m’aurait enlevé un petit stress de savoir que les gens d’ici allaient vraiment vouloir que je m’intègre bien et que je me sente bien. Tu fais partie d’une communauté et un sentiment d’appartenance se crée. Ici, on est capable de faire une différence et de voir l’impact de ce que l’on fait. C’est valorisant et stimulant. Une petite communauté permet d’avoir le plaisir de voir l’impact de notre implication!

C’est un peu de tout ça que j’aurais aimé savoir avant de venir m’installer ici. Que tout allait bien aller. Si toi aussi tu décides de venir t’installer ici, tu vas voir à quel point on y prend goût. On prend goût à tout ce que cette belle région a à offrir. Le calme, le temps, la liberté…

C’est pour ça que maintenant, alors que la fin de l’année scolaire approche, j’en suis rendu à prendre une autre grosse décision de vie : « Est-ce que je reviens pour une autre année? »

Si t’as lu les autres articles que j’ai publiés, je pense que tu es capable de deviner qu’un hiver long et des grosses mouches l’été, ce n’est pas ça qui me dérange.

Alors oui! J’ai décidé de rester un an de plus ici!

Contrairement à ma première année ici, je décide ça pas mal moins sur un coup de tête. Mon désir de rester une autre année est réfléchi. S’éloigner un temps de sa ville d’origine et de sa zone de confort permet de comprendre davantage le monde qui nous entoure, de relativiser sur sa situation personnelle et d’apprendre à mieux se connaître. Dans cette dernière année, je pense que cette migration m’a amené une croissance personnelle beaucoup plus importante que si j’étais resté dans mon ancien chez-moi. Je fais donc le choix de continuer cette croissance ici.

En plus de la croissance personnelle, il y a ici tout l’aspect des opportunités professionnelles qui est intéressant. Ben oui, j’aurais pu rester dans une grande ville à faire de la suppléance avec de petits contrats, mais j’ai fait un choix. J’ai fait le choix d’aller enseigner en région éloignée pour avoir ma classe, pour avoir une stabilité à la fin de mon baccalauréat. Et le meilleur, c’est qu’ici tu as la possibilité de t’impliquer et d’accéder à des responsabilités plus importantes que tu n’aurais pas eues ailleurs.

Mais ce qui me fait vraiment vouloir rester ici une autre année, c’est la qualité de vie qu’on a. Métro, boulot, dodo… ce n’est pas pour moi. Je pense que dans ce genre de situation, je serais devenu triste de ne plus avoir le temps de m’épanouir. Ici, dans le Nord, c’est tellement plus tranquille. Le rythme de vie est plus lent, les choses vont moins vite, tu as plus de temps pour toi. On s’y habitue tellement facilement, et je te le dis : on y prend vraiment goût.

Donc, mon petit conseil à toi, qui hésites encore à venir en région éloignée : viens t’essayer un an. Tu vas voir, ce n’est pas si pire du tout. Si tu n’aimes pas ça, eh bien, un an ça passe vite, et dis-toi que ça va avoir été une belle expérience de vie. Cependant, je te le dis : toi aussi, tu vas t’attacher à cette région avant même de t’en rendre compte. Tu vas vouloir que tes amis te rejoignent pour tripper ensemble dans un coin de pays magnifique où il fait bon vivre.


Pour lire les autres articles d’Alexis:

#1 Comment Frodon m’a convaincu de m’installer à la Baie-James.
#2 Sortir de sa zone de confort, direction Nord
#3 S’impliquer sans limite

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