Par Alexis Fréchette, prof en liberté

Alexis est un jeune enseignant qui a fait le grand saut en déménageant à la Baie-James, charmé par la région pendant sa participation à la websérie «Cap vers la Baie-James». Avec son journal de bord, on l’accompagne dans cette aventure qu’est la découverte de son nouveau milieu de vie.

À la fin de mon baccalauréat en enseignement des sciences et des technologies au secondaire, je cherchais ma place en tant que nouveau professionnel de l’éducation. Dans les grandes villes, les conditions des jeunes enseignants ne sont pas toujours faciles et je me demandais si c’était bien le milieu dans lequel je voulais commencer ma carrière. J’avais envie de quelque chose qui saurait être plus à mon image.

À la fin d’une semaine épuisante à faire de la suppléance à gauche et à droite dans deux commissions scolaires différentes, une de mes amies m’a parlé d’un concours lancé par la Commission scolaire de la Baie-James. Le but du concours était de faire visiter la région à de nouveaux enseignants et de vivre l’expérience d’un prof en liberté. En plein ce dont j’avais besoin… Alors j’embarque! Accompagné d’un autre finissant en enseignement et de l’équipe de production, j’ai mis le cap sur la Baie-James pour 3 jours.

Nous sommes allés visiter le milieu de vie des enseignants des municipalités de Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon et Matagami. Cette expérience m’a permis de voir la qualité de vie des profs de la Baie-James, et à quel point les gens ici sont chaleureux.

Je te le dis! Viens visiter la place, et toi aussi tu vas tomber en amour
avec la proximité de la nature, le grand air nordique et les gens
qui habitent ce territoire.

Nous avons fait le tour de superbes écoles pour rencontrer des enseignants engagés dans leur milieu et proches de leurs élèves. À la fin de notre aventure dans le Nord, la directrice des ressources humaines, Maryse Savard, nous mentionne qu’un contrat pour une tâche complète pourrait nous être offert dès la prochaine année scolaire. Ça, c’est toute une offre! 

De retour à Québec, le train de vie recommence comme avant avec la suppléance. Puis, une fois la saison chaude de retour, je me remets à travailler comme coordonnateur d’un camp et la frénésie de l’été me fait oublier la notion du temps. J’en arrive presque à oublier la possibilité d’aller enseigner à la Baie-James. Ça m’était complètement sorti de la tête jusqu’au jour où je reçois LE courriel : on m’offre un poste d’enseignant aux adultes en mathématique et en sciences à Chibougamau. Ça me semble être un beau défi, tout ça!

Le 9 août, je passais une entrevue. Le 12 août, on me donnait la réponse : j’avais décroché le poste d’enseignement et je commençais… le lundi suivant! Tout s’est fait tellement vite. Plein de choses me passaient par la tête, mais ce qui m’inquiétait le plus était comment j’allais me trouver un logement. Les ressources humaines m’ont aidé en me donnant une liste de plusieurs logements disponibles. C’était un gros stress en moins et ça me donnait déjà le ton; cette commission scolaire est là pour ses employés.

C’est évident que lorsque j’ai fait mon choix d’aller enseigner à Chibougamau, j’ai pensé aux nombreux avantages financiers que ça allait m’apporter : une belle prime d’éloignement, une déduction d’impôt pour résider en région éloignée et aussi un crédit d’impôt pour nouveau diplômé travaillant dans une région éloignée. On va se le dire, quand tu termines tes études, ça fait du bien aux finances, tout ça.

Cependant, ce qui m’a vraiment convaincu d’y aller, ce sont les conditions de travail. Une classe neuve à moi (le rêve de beaucoup d’enseignants), le respect de mon autonomie professionnelle, mais surtout, le TEMPS.

Je valorise extrêmement mon temps, et lors de ma visite à la Baie-James, tous les enseignants que nous avons rencontrés nous disaient que c’était un avantage considérable qu’on retrouvait dans le Nord.

Le jour J est donc arrivé très rapidement. On dit au revoir aux amis, on salue la famille avec une panoplie d’émotions, parfois très contradictoires. Gravitant entre la joie, l’excitation, la fébrilité, puis entre la mélancolie et un petit sentiment de panique à l’idée d’être à plus de 500 kilomètres et de ne plus voir tout ce beau monde pendant une durée encore indéterminée.

Malgré toute cette vague d’émotions, j’embarque mes choses dans ma voiture et c’est un départ. Je jette un dernier regard sur Québec dans mon rétroviseur, en pensant à un passage de l’un de mes films préférés, le Seigneur des anneaux :

« Il est fort dangereux, Frodon, de sortir de chez soi. On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les pieds, on ne sait pas jusqu’où cela peut nous mener. » Eh bien, il faut croire que ça allait me mener dans un coin de pays magnifique…

Quand tu roules pendant 6 heures sur la 167 direction nord, tu as le temps d’en voir, des beaux paysages. Tu as aussi beaucoup de temps pour penser dans ton petit bout de métal qui roule sur la route. Tu te dis : « Wow, je le fais vraiment! », et tu te répètes que tout va bien aller. Il y a moins de 5 mois, je n’aurais jamais pensé aller enseigner ailleurs que dans la ville de Québec, encore moins à Chibougamau, mais le temps file tellement vite et on ne sait jamais où il va nous mener.

Je dépasse la pancarte du 49e parallèle, et encore plusieurs kilomètres d’asphalte plus loin, j’aperçois enfin Chibougamau. Je me dirige vers l’un des logements que m’ont référé les ressources humaines. En 15 minutes, je fais le tour et c’est fait, je le prends pour la prochaine année. Ma nouvelle propriétaire me souhaite la bienvenue et quitte le logement. Je m’installe sur le divan, exténué par la route et les émotions, et je me dis : « Ça y est, c’est fait. Je suis maintenant chez moi, dans le Nord. »

Dès le début des classes, on se fait un déjeuner à l’école entre collègues. Rapidement, j’apprends à les connaître. Ce sont tous des gens très différents, beaucoup plus hétérogènes que ce que j’avais imaginé. Des gens de tous les coins de la province et d’ailleurs dans le monde, mais une chose les unit tous : ce sont des passionnés qui ont à cœur leur travail. Ce sont des gens qui sont bien à l’image des gens d’ici : sympathiques, inclusifs et soucieux du bien-être du nouvel arrivant que je suis. Je me rends compte que je vais pouvoir travailler avec une équipe en or pour l’année scolaire. Ça me remplit de joie et ça me rassure immédiatement sur mon choix. Je pense que je vais beaucoup aimer mon année scolaire ici…!


Pour lire les autres articles d’Alexis:

#2 Sortir de sa zone de confort, direction Nord
#3 S’impliquer sans limite
#4 À la croisée des chemins: partir ou rester?

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